CNH
Centre National d'Hémodialyse
Centre National d'Hémodialyse
Le Centre National d’Hémodialyse, bastion fragile contre l’insuffisance rénale au Gabon
Sous les arcades blanches du Centre Hospitalier Universitaire de Libreville (CHUL), le Centre National d’Hémodialyse (CNH) bat au rythme soutenu des générateurs de dialyse. Depuis sa création en août 2004, cet établissement demeure le seul pilier public d’épuration sanguine du pays, accueillant chaque semaine près de 120 patients, trois fois quatre heures durant, pour une séance consommant pas moins de 120 litres d’eau ultra-pure.
Au-delà de la séance de dialyse stricto sensu, le CNH offre des consultations néphrologiques, forme étudiants, infirmiers et techniciens biomédicaux et collecte des données pour la recherche locale. « Nous sommes un centre de soins, mais aussi un incubateur de compétences », résume un médecin référent, qui préfère garder l’anonymat.
Après des débuts modestes, le parc de générateurs est passé à 20-25 machines, tandis qu’un accord avec la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS) permet de rediriger une partie des patients vers des structures privées ou des antennes à Port-Gentil et Franceville. L’année dernière, un don de 3 744 dialyseurs du président de transition a renforcé ces capacités satellites.
Pourtant, l’eau reste l’épine dorsale du problème : les coupures imposent parfois le recours à des camions-citernes pour acheminer le précieux liquide. Et, depuis juillet 2024, le personnel paramédical dénonce des ruptures de stock, des mutations non concertées et des difficultés logistiques. « Nous avons sauvé des vies, mais nous fonctionnons au bord de l’épuisement », confie une infirmière-chef.
Grâce à la CNAMGS, les Gabonais assurés bénéficient de prises en charge complètes. Les non-assurés reçoivent une aide pour adhérer, et une aide sociale couvre les séances dépassant 140 000 FCFA. Un filet jugé « insuffisant » par certaines associations de patients, qui réclament un élargissement du dispositif.
Le plan stratégique 2015 prévoyait des centres satellites à Franceville, Port-Gentil, Oyem et Mouila, en partenariat avec le Maroc. Si Port-Gentil est en passe d’être opérationnel, Oyem et Mouila attendent encore financement et personnel.
Pour le Dr Jean-Marc Nkoghe, néphrologue au CHUL, « le CNH est un modèle de réponse rapide à une urgence de santé publique. Mais sans investissements durables en ressources humaines, eau, électricité et consommables, nous risquons une rupture insidieuse ».
À l’heure où l’insuffisance rénale progresse dans la région Afrique centrale, le Centre National d’Hémodialyse demeure un rempart indispensable, fragile mais indispensable.